10/02/2015
Sacolin Colon
Sacolin Colon n’en pouvait plus. C’était marre, c’était fou, à s’arracher le crâne avec les dents. Les bobs et leurs lubies, que n’avait-il fait un carnage ? Souvent, il rêvait qu’il débarquait dans son open-space ou dans la rue, armé d’un lance-flammes, et c’était le marmitage, lui en vengeur total. Sacolin enrageait dans son fut, toujours le même, mis et remis tous les matins du mois, même trajet, mêmes visages qu’il croisait, tous chiffonnés, tous charlie et à le répéter quand ils ne s’entendaient pas autour de leurs conneries. Qui étaient-ils ? Une abstraction réductible au point mou : bob. Sacolin haïssait bob. Il en tirait une rancœur qu’il mêlait aux jalousies de l’enfance, lesquelles remontaient en lui courant sous la peau. Qu’un bob se présentât et son poil se hérissait. Sa détestation était physique. Il vomissait bob mais ne se résolvait pas à le tuer. Impossible. Il y en avait trop. Que faire ? que faire que faire que faire récitait Sacolin, et alors il se nommait Sacoline et pensait à Lénine et prévoyait d’écrire un manifeste anti-bob qu’il intitulerait Que bob ? mais il se ravisait et se renfrognait toujours plus dans la posture du perdant radical qui se détruit avant son ennemi. Sacolin ! Sacolin, réveille-toi qu’il se disait, mais agis que dieu, prends tes plotes et bâtis le monde au lieu de fixer un écran le jour durant. Encore une fois, il rêvait.
C’est hier qu’il ne rêvait plus lorsqu’il tomba sur un article au sujet d’une bob qui s’était fait tatouer l’anus. Deux prénoms qu’elle y avait inscrit. Et bien deux lettres qu’il s’y mettrait ! Deux B de chaque côté des stries ! Et un O au milieu au moment de la chiée ! En plein dans l’œil qu’il aurait bob ! Sacolin Colon ! S’il ne pouvait tuer bob, au moins il le coulerait, le démoulerait, et montrerait dans tous les gogs de France la véritable bob-ine de son ennemi, à lui, Sacoline, que bob ? Une merde ! Il emmerdait bob et le prouverait jusqu’au fond des chiottes, puis il lui tirerait la chiasse et l’eau avec et l’enverrait à l’égout d’où il n’aurait jamais dû sortir. Un tatouage pour une victoire ! Un dessin pour une revanche ! Sacolin allait se mettre bob au cul parce qu’il en avait plein le dos. Bob fait chier alors il serait chié et ca, Sacolin en jouissait. Il commença de rire et de rire et à une bob qui lui demandait de cesser, il répondit d’un pet qui préfigurait leur entente. Ho ! dit-elle HAHAHAHA riait-il et Sacolin d’élargir la sphincte où bob se carrerait bientôt !
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Pensée du 10/02/2015 - L'hyperbob
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Il y avait l’autre jour, c’était il y a une semaine, une tempête à New-York. BobFM se met en branle pour couvrir l’événement comme il couvrirait un camarade de régiment sous le feu ennemi (sans doute). Bob se ménage ses petites émotions comme une bourgeoise de Zola visitant un quartier ouvrier. Il s’émoustille à l’approche des catastrophes pourvu qu’elles ne touchent pas son portefeuille. C’est à ce titre que la crise économique et financière est traitée sans conviction. Quelques experts à boutons, avec leurs grosses lunettes de con, sont conviés sur les plateaux télé afin de toucher dix briques pour baver leur avis. En général, il suffit d’ouvrir Yahoo !News à la section économie pour dégoter le verbatim de leur intervention. Bref, le mauvais sort conjoncturel est conjuré par omission. Ce qui importe, c’est Charlie ou la météo ; en ces cas le mauvais sort est invoqué et davantage : il est espéré. Pourvu que ca bute et que ca pète se dit bob. Une tempête à New-York, il connaît bien, et chaque année elle est plus grosse que la précédente. Rien d’étonnant en cette époque de l’hyperbole sémantique. La linguistique, c’est toujours dans la linguistique que vit et se palpe l’esprit du temps. Le sentiment de la langue, c’est important parce qu’il permet de comprendre la situation. Bref, si l’hyperbole de la météo new-yorkaise était appliquée à la fréquence des rapports sexuels et à la taille de l’attribut viril, toujours plus imposant que la dernière fois, je finirais avec un baobob. C’est un ami 22 qui serait jaloux.
C’est ainsi qu’un marché fut d’abord un super puis un hyper marché. Hyper pour hyperbole. La surenchère du préfixe s’est arrêtée au seuil du giga. Le Grand Siècle, qui fut celui du Cid et de la litote, aurait parlé d’un endroit qui ne manque de rien. Ce n’eût pas été plus beau mais simplement animé d’un autre esprit. C’est dans ces petits clins de chose qu’est mesurable le pouls d’une société, dans ces façons de traiter l’Histoire et de nommer ses institutions. L’Education Nationale par exemple. Rien à voir avec l’hyperbole ? Peut-être, sauf à considérer qu’une instruction hypertrophiée, c’est à dire jetée au-delà de l’enseignement qui apprend à lire, à écrire et à compter et à s’approprier le savoir pour penser, tient plus de l’éducation. L’Etat qui éduque n’est plus un parent civil qui instruit mais une grande famille qui réchauffe ses ouailles autour du feu des valeurs. Quand l’instruction parle de morale qui montre à reconnaître le bien et le mal, l’éducation prétend indiquer le bien - ou à tout le moins apprend à séparer le bien du mal. En hyperbole, comment lors s’étonner que le ministère de l’instruction ait changé de nom ?
La morale hyperbolique prône le bien en toute chose. L’hypermorale, qui va par delà le bien et le mal comme dit Nietzsche, trahit la raison par le sentiment qui suinte de l’école, dédiée à l’éducation, et des médias. De là que l’émotion gagne l’humeur des jeunes et des plus vieux dont l’hystérie est entretenue par les sujets de BobFM. Une tempête à New-York et les bobs, de 7 à 77 ans, manifestent contre le vent. Une fusillade à Charlie Hebdo et tous les bobs disent je suis charlie en marchant contre le terrorisme et en criant que c’est pour la liberté et pour nos droits. C’est toujours le droit à être qui finit par être revendiqué. L’hyperbob réclame dès qu’il le peut comme un perroquet affamé trompette après sa graine. Il faut ici remarquer, mais je le dis depuis toujours, l’intransitivité totale du droit à être parce que ce slogan ne précise pas ce qu’il exige. Par quoi tout est possible, ce qui valide l’hyperbolisme du temps.
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09/02/2015
Pensées du 09/02/2015 - Voyage voyage
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J’entends souvent bob me raconter qu’il adore voyager. Pourquoi ? Parce que je m’évade et que je prends des photos et que je note tout ce que je vois. Quelques mots sur cette mode de la photographie qui s’étend à toute la bob classe : l’argentique et son art de l’éclairage et du temps d’exposition sont morts, tués par la démocratie du cliché. Le numérique a tout cassé. Désormais, tout le monde a et est un objectif et dit je suis photo. La selfie est la concrétisation d’un possible slogan sémantique pour l’époque. Le bob monde s’adonne à toutes sortes de charlie-fications qui mystifient toutes les philosophies en proclamant un universel droit à être. Les réactionnaires déplorent un monde de l’avoir au détriment d’un monde de l’être. L’existence prime l’essence, et ils trouvent ca dommage mais ce n’est guère que l’héritage de Sartre qu’ils condamnent ici. Or il est dépassé par bob qui a un droit à être ce qu’il veut. Dans une bouillie d’avoir d’être et de vouloir, bob cuisine son envie d’impuissance. Je ferme la parenthèse.
Je ne suis pas photographe même si j’ai un smartphone. Je suis écrivain donc ce qui m’interpelle est le bob voyageur qui écrit. Il parle de récit de voyage et affirme que le récit de voyage est un genre littéraire à part entière. A bien le considérer, bob assène une vérité sans la démontrer d’autant plus qu’elle est contenue dans son assertion parce qu’un récit est évidemment un écrit. C’est un point important parce qu’il rappelle que bob pense qu’il lui suffit de commettre un récit pour devenir écrivain. Il insiste bien plus sur le récit que sur le voyage, lequel ne lui est qu’une pellicule dans laquelle il découpe autant de satisfécit à venir sur facebook via des j’aime et des commentaires. Chez lui, le voyage est une géographie qui ne devient jamais le support de la pensée. Le voyage est un prétexte au récit dans quoi bob note son emploi du temps. Or je crois que c’est précisément le voyage qui est littéraire. Il est une prothèse de la pensée qui voyage par le verbe chez l’écrivain voyageur. Celui-ci célèbre le voyage parce qu’il lui donne à écrire, à raconter, à méditer - par quoi il le remercie de corriger son infirmité. C’est que lui ne connait pas la force qui transcende chez l’écrivain sédentaire l’expérience de la vie petite qui est la routine quotidienne. Le voyageur qui écrit ne méprise pas le sédentaire qui pense. Tous deux servent la littérature. Le voyage est un trajet intérieur et intime qui emmêle la géographie à une histoire. Parfois, il s’agit même de l’Histoire, la grande, qui produit de la non moins grande littérature. Que fut Stendhal sinon un voyage à lui seul et à travers l’Italie qui le plonge au cœur des épopées de Napoléon ?
Bob déteste l’assis qui ne s’agite pas par choix et par talent. Nomade, il s’affole comme un coq sans tête et se fabrique des convictions à coups de clichés. Il ne voyage pas, il récite, et comme tout récitant, il n’invente pas. Bob n’attend rien de la vie, il existe. L’écrivain voyageur réinvente le monde et n’attend de la vie que l’au-delà. L’écrivain sédentaire invente le monde et n’attend de la vie que la mort.
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Au cours de mes voyages en Inde, je remarque tout le temps les témoignages d’amitié entre copains. Les types se promènent main dans la main ou un bras sur l’épaule. C’est une coutume de pays chaud que j’observe aussi au Maroc. C’est impossible en bob-ccident. Bob dit que c’est connoté. Enoncer l’amitié autrement que par le geste est pourtant délicat. Je crois qu’en l’espèce, les gestes disent mieux que les mots lourds et gluants qui conduiraient aux connotations redoutées par bob. Si bien que bob ne se dit rien.
Je suis gamin. Il me souvient de ces joies partagées entre potes. Joie non feinte, on s’enlaçait, c’étaient rires et souvenirs. Désormais, tout ceci est connoté.
Bob craint de passer pour un homo, ou pire, pour un pédé. Pourtant, bob défend les homos par la pride sans s’offusquer de son hypocrisie de schizo. La société bobique est si puritaine en amitié qu’elle se désosse par isolement. Les bobs commercent autour d’eux-mêmes dans l’anti-chambre du narcissisme.
J’entends souvent chez bob qu’un fasciste homo est un oxymore. Quid de Mishima et d’Abel Bonnard ? Rigolo. Bob est inculte et n’entend pas cet argument qui sape ses certitudes absurdes qui dégoulinent de tous les a priori qu’ils traquent chez les ennemis qu’ils s’inventent. Sacré farceur le bob. J’insiste alors en lui parlant de Jean Marais, l’amant de Cocteau sous l’Occupation. Une plume guignole et fasciste, façon bob, l’avait traité de tapette dans un article. Jean Marais l’attendit au pied d’un immeuble tenu par l’occupant sous les yeux de qui il rossa l’importun à la sortie de son taff. Si ca n’est pas une situation de force bien fasciste - où celle-ci, homo ou pas, on s’en fout, prima sur le droit, je suis un bob !
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Il y a la drogue et le sport. La drogue promet le bien-être d’abord et la souffrance après. Le sport permet la souffrance d’abord et le bien-être après. Ce sont deux manières d’appréhender l’existence. Je ne juge pas, je respecte comme dit bob. Si la première est faiblesse et que la seconde est courage, je n’en reste pas moins fasciné par deux situations de violence à quoi les drogués, comme les sportifs, se soumettent. En sortir est une épreuve de force. Il faut beaucoup de mal-être pour toucher à de telles extrémités. Je ne peux m’empêcher de voir dans le drogué comme dans le sportif une personne qui a choisi. La force du choix, c’est important. C’est l’expression du libre-arbitre qui atteste de son humanité. C’est paradoxalement parce que le drogué et le sportif sont à l’opposé l’un de l’autre que je les place sur le même plan. Indiscipline chez l’un, discipline chez l’autre, c’est tout différent, mais il y a chez chacun d’eux un détachement du monde qui les pousse à voyager. Eux s’évadent vraiment. Ils ne suivent pas le même chemin mais les choses ne se font pas à moitié. Le désenchantement du monde moderne, dont je situe les débuts chez ces stupides romantiques du XIXème siècle, restaurateurs et républicains confondus, est certainement l’explication des déboires mentaux du drogué et du sportif. Lisez FEU FOLLET de Drieu la Rochelle et vous y trouverez en à peine 200 pages toutes les justifications d’un laisser-aller morbide.
Il n’y a guère que le dopé qui unisse les deux figures. Le dopé est le bob du sport et le bob de la drogue. Parce qu’il faut qu’en toute chose un parasite se mêle de tout polluer, il a fallu qu’un instinct de société bobique place chez mes deux rêveurs un bâtard hybride. Mélange ignoble du drogué et du sportif, le dopé est un taré vendu à l’idée de la performance. Il enchante le public à défaut de réenchanter sa vie et grignote des parts de cauchemar à l’audimat bobique. C’est le fruit d’un métissage raté qui prétend soigner sa course en plaçant en quarantaine le sport et le rêve, soit le panache qu’il tue au nom du fric. Voyez ces nageurs de l’est, ces cyclistes FESTINA, ces rugbymen en chaise roulante à 45 ans, voyez ces bestioles qui portent en elles les crimes et châtiments, voyez-les pourrir telles qu’elles vicient les idéaux.
Le dopé est un surhomme de foire parce qu’il refuse à l’esprit ce qu’il ordonne à son corps : ce n’est pas de la drogue qu’il prend, mais un produit voire un médicament, et il s’astreint à une posologie bourrée d’ascèse dans la prise de pilules qui transportent ses membres au-delà sans autoriser l’esprit à s’élever. Au contraire, il est plombé par le poids du faux. Quelle immonde farce. Je ne suis pas étonné qu’elle prolifère en bob-land.
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