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09/02/2015

Pensées du 09/02/2015 - Voyage voyage

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Pat PokerJ’entends souvent bob me raconter qu’il adore voyager. Pourquoi ? Parce que je m’évade et que je prends des photos et que je note tout ce que je vois. Quelques mots sur cette mode de la photographie qui s’étend à toute la bob classe : l’argentique et son art de l’éclairage et du temps d’exposition sont morts, tués par la démocratie du cliché. Le numérique a tout cassé. Désormais, tout le monde a et est un objectif et dit je suis photo. La selfie est la concrétisation d’un possible slogan sémantique pour l’époque. Le bob monde s’adonne à toutes sortes de charlie-fications qui mystifient toutes les philosophies en proclamant un universel droit à être. Les réactionnaires déplorent un monde de l’avoir au détriment d’un monde de l’être. L’existence prime l’essence, et ils trouvent ca dommage mais ce n’est guère que l’héritage de Sartre qu’ils condamnent ici. Or il est dépassé par bob qui a un droit à être ce qu’il veut. Dans une bouillie d’avoir d’être et de vouloir, bob cuisine son envie d’impuissance. Je ferme la parenthèse.

      Je ne suis pas photographe même si j’ai un smartphone. Je suis écrivain donc ce qui m’interpelle est le bob voyageur qui écrit. Il parle de récit de voyage et affirme que le récit de voyage est un genre littéraire à part entière. A bien le considérer, bob assène une vérité sans la démontrer d’autant plus qu’elle est contenue dans son assertion parce qu’un récit est évidemment un écrit. C’est un point important parce qu’il rappelle que bob pense qu’il lui suffit de commettre un récit pour devenir écrivain. Il insiste bien plus sur le récit que sur le voyage, lequel ne lui est qu’une pellicule dans laquelle il découpe autant de satisfécit à venir sur facebook via des j’aime et des commentaires. Chez lui, le voyage est une géographie qui ne devient jamais le support de la pensée. Le voyage est un prétexte au récit dans quoi bob note son emploi du temps. Or je crois que c’est précisément le voyage qui est littéraire. Il est une prothèse de la pensée qui voyage par le verbe chez l’écrivain voyageur. Celui-ci célèbre le voyage parce qu’il lui donne à écrire, à raconter, à méditer - par quoi il le remercie de corriger son infirmité. C’est que lui ne connait pas la force qui transcende chez l’écrivain sédentaire l’expérience de la vie petite qui est la routine quotidienne.  Le voyageur qui écrit ne méprise pas le sédentaire qui pense. Tous deux servent la littérature. Le voyage est un trajet intérieur et intime qui emmêle la géographie à une histoire. Parfois, il s’agit même de l’Histoire, la grande, qui produit de la non moins grande littérature. Que fut Stendhal sinon un voyage à lui seul et à travers l’Italie qui le plonge au cœur des épopées de Napoléon ?

Bob déteste l’assis qui ne s’agite pas par choix et par talent. Nomade, il s’affole comme un coq sans tête et se fabrique des convictions à coups de clichés. Il ne voyage pas, il récite, et comme tout récitant, il n’invente pas. Bob n’attend rien de la vie, il existe. L’écrivain voyageur réinvente le monde et n’attend de la vie que l’au-delà. L’écrivain sédentaire invente le monde et n’attend de la vie que la mort.

 

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Au cours de mes voyages en Inde, je remarque tout le temps les témoignages d’amitié entre copains. Les types se promènent main dans la main ou un bras sur l’épaule. C’est une coutume de pays chaud que j’observe aussi au Maroc. C’est impossible en bob-ccident. Bob dit que c’est connoté. Enoncer l’amitié autrement que par le geste est pourtant délicat. Je crois qu’en l’espèce, les gestes disent mieux que les mots lourds et gluants qui conduiraient aux connotations redoutées par bob. Si bien que bob ne se dit rien.

Je suis gamin. Il me souvient de ces joies partagées entre potes. Joie non feinte, on s’enlaçait, c’étaient rires et souvenirs. Désormais, tout ceci est connoté.

Bob craint de passer pour un homo, ou pire, pour un pédé. Pourtant, bob défend les homos par la pride sans s’offusquer de son hypocrisie de schizo. La société bobique est si puritaine en amitié qu’elle se désosse par isolement. Les bobs commercent autour d’eux-mêmes dans l’anti-chambre du narcissisme.

J’entends souvent chez bob qu’un fasciste homo est un oxymore. Quid de Mishima et d’Abel Bonnard ? Rigolo. Bob est inculte et n’entend pas cet argument qui sape ses certitudes absurdes qui dégoulinent de tous les a priori qu’ils traquent chez les ennemis qu’ils s’inventent. Sacré farceur le bob. J’insiste alors en lui parlant de Jean Marais, l’amant de Cocteau sous l’Occupation. Une plume guignole et fasciste, façon bob, l’avait traité de tapette dans un article. Jean Marais l’attendit au pied d’un immeuble tenu par l’occupant sous les yeux de qui il rossa l’importun à la sortie de son taff. Si ca n’est pas une situation de force bien fasciste - où celle-ci, homo ou pas, on s’en fout, prima sur le droit, je suis un bob !

     

 

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Il y a la drogue et le sport. La drogue promet le bien-être d’abord et la souffrance après. Le sport permet la souffrance d’abord et le bien-être après. Ce sont deux manières d’appréhender l’existence. Je ne juge pas, je respecte comme dit bob. Si la première est faiblesse et que la seconde est courage, je n’en reste pas moins fasciné par deux situations de violence à quoi les drogués, comme les sportifs, se soumettent. En sortir est une épreuve de force. Il faut beaucoup de mal-être pour toucher à de telles extrémités. Je ne peux m’empêcher de voir dans le drogué comme dans le sportif une personne qui a choisi. La force du choix, c’est important. C’est l’expression du libre-arbitre qui atteste de son humanité. C’est paradoxalement parce que le drogué et le sportif sont à l’opposé l’un de l’autre que je les place sur le même plan. Indiscipline chez l’un, discipline chez l’autre, c’est tout différent, mais il y a chez chacun d’eux un détachement du monde qui les pousse à voyager. Eux s’évadent vraiment. Ils ne suivent pas le même chemin mais les choses ne se font pas à moitié. Le désenchantement du monde moderne, dont  je situe les débuts chez ces stupides romantiques du XIXème siècle, restaurateurs et républicains confondus, est certainement l’explication des déboires mentaux du drogué et du sportif. Lisez FEU FOLLET de Drieu la Rochelle et vous y trouverez en à peine 200 pages toutes les justifications d’un laisser-aller morbide.

Il n’y a guère que le dopé qui unisse les deux figures. Le dopé est le bob du sport et le bob de la drogue. Parce qu’il faut qu’en toute chose un parasite se mêle de tout polluer, il a fallu qu’un instinct de société bobique place chez mes deux rêveurs un bâtard hybride. Mélange ignoble du drogué et du sportif, le dopé est un taré vendu à l’idée de la performance. Il enchante le public à défaut de réenchanter sa vie et grignote des parts de cauchemar à l’audimat bobique. C’est le fruit d’un métissage raté qui prétend soigner sa course en plaçant en quarantaine le sport et le rêve, soit le panache qu’il tue au nom du fric. Voyez ces nageurs de l’est, ces cyclistes FESTINA, ces rugbymen en chaise roulante à 45 ans, voyez ces bestioles qui portent en elles les crimes et châtiments, voyez-les pourrir telles qu’elles vicient les idéaux.

Le dopé est un surhomme de foire parce qu’il refuse à l’esprit ce qu’il ordonne à son corps : ce n’est pas de la drogue qu’il prend, mais un produit voire un médicament, et il s’astreint à une posologie bourrée d’ascèse dans la prise de pilules qui transportent ses membres au-delà sans autoriser l’esprit à s’élever. Au contraire, il est plombé par le poids du faux. Quelle immonde farce. Je ne suis pas étonné qu’elle prolifère en bob-land.

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