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10/02/2015

Pensée du 10/02/2015 - L'hyperbob

-Pat Poker

Il y avait l’autre jour, c’était il y a une semaine, une tempête à New-York. BobFM se met en branle pour couvrir l’événement comme il couvrirait un camarade de régiment sous le feu ennemi (sans doute). Bob se ménage ses petites émotions comme une bourgeoise de Zola visitant un quartier ouvrier. Il s’émoustille à l’approche des catastrophes pourvu qu’elles ne touchent pas son portefeuille. C’est à ce titre que la crise économique et financière est traitée sans conviction. Quelques experts à boutons, avec leurs grosses lunettes de con, sont conviés sur les plateaux télé afin de toucher dix briques pour baver leur avis. En général, il suffit d’ouvrir Yahoo !News à la section économie pour dégoter le verbatim de leur intervention. Bref, le mauvais sort conjoncturel est conjuré par omission. Ce qui importe, c’est Charlie ou la météo ; en ces cas le mauvais sort est invoqué et davantage : il est espéré. Pourvu que ca bute et que ca pète se dit bob. Une tempête à New-York, il connaît  bien, et chaque année elle est plus grosse que la précédente. Rien d’étonnant en cette époque de l’hyperbole sémantique. La linguistique, c’est toujours dans la linguistique que vit et se palpe l’esprit du temps. Le sentiment de la langue, c’est important parce qu’il permet de comprendre la situation. Bref, si l’hyperbole de la météo new-yorkaise était appliquée à la fréquence des rapports sexuels et à la taille de l’attribut viril, toujours plus imposant que la dernière fois, je finirais avec un baobob. C’est un ami 22 qui serait jaloux.

                C’est ainsi qu’un marché fut d’abord un super puis un hyper marché. Hyper pour hyperbole. La surenchère du préfixe s’est arrêtée au seuil du giga. Le Grand Siècle, qui fut celui du Cid et de la litote, aurait parlé d’un endroit qui ne manque de rien. Ce n’eût pas été plus beau mais simplement animé d’un autre esprit. C’est dans ces petits clins de chose qu’est mesurable le pouls d’une société, dans ces façons de traiter l’Histoire et de nommer ses institutions. L’Education Nationale par exemple. Rien à voir avec l’hyperbole ? Peut-être, sauf à considérer qu’une instruction hypertrophiée, c’est à dire jetée au-delà de l’enseignement qui apprend à lire, à écrire et à compter et à s’approprier le savoir pour penser, tient plus de l’éducation. L’Etat qui éduque n’est plus un parent civil qui instruit mais une grande famille qui réchauffe ses ouailles autour du feu des valeurs. Quand l’instruction parle de morale qui montre à reconnaître le bien et le mal, l’éducation prétend indiquer le bien - ou à tout le moins apprend à séparer le bien du mal. En hyperbole, comment lors s’étonner que le ministère de l’instruction ait changé de nom ?

La morale hyperbolique prône le bien en toute chose. L’hypermorale, qui va par delà le bien et le mal comme dit Nietzsche, trahit la raison par le sentiment qui suinte de l’école, dédiée à l’éducation, et des médias. De là que l’émotion gagne l’humeur des jeunes et des plus vieux dont l’hystérie est entretenue par les sujets de BobFM. Une tempête à New-York et les bobs, de 7 à 77 ans, manifestent contre le vent. Une fusillade à Charlie Hebdo et tous les bobs disent je suis charlie en marchant contre le terrorisme et en criant que c’est pour la liberté et pour nos droits. C’est toujours le droit à être qui finit par être revendiqué. L’hyperbob réclame dès qu’il le peut comme un perroquet affamé trompette après sa graine. Il faut ici remarquer, mais je le dis depuis toujours, l’intransitivité totale du droit à être parce que ce slogan ne précise pas ce qu’il exige. Par quoi tout est possible, ce qui valide l’hyperbolisme du temps.

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