12/06/2015
L'Aristo présente Le Mirliflore - Le 12/06/2015
Chers droogs,
En avant-première mes Brèves de bourgeois soumises au et retenues par le CLUB ROGER NIMIER. Ecrites par Le Mirlifore, c’est-à-dire mézigue, L’Aristo, elles seront prochainement relayées sur sa page facebook. J’y ai repris deux paragraphes écrits en Mars. Ils sont depuis largement remaniés par Le Mirliflore.
J’appelle ca des Brèves de bourgeois.
De bourgeois car il en est le sujet.
Brèves parce que le format est bref et le propos également. C’est un choix volontaire qui participe de cette liberté de ton et de la petite anarchie avec lesquelles le CLUB ROGER NIMIER entend braquer le bob monde. J’emprunte aussi aux Brèves de comptoir (série de livres des années 1990) l’idée que la remarque peut-être comprise comme observation, par quoi elle devient littéraire. La remarque sur le temps, sur les mimiques, sur les attitudes, sur les mœurs. D’où la présence d’italiques, lesquels s’annoncent a priori d’eux-mêmes puisqu’ils sont la parole bourgeoise. C’est d’ailleurs toujours le sens des italiques de L’Aristo.
En définitive, les Brèves de bourgeois constituent un pamphlet sautillant.
Je prends Le Mirliflore pour pseudonyme au CRN. Le mot est baroque par signifiant et par signifié. Tant par la sonorité que par sa définition, ce mot correspond et à l’esprit du CRN et à l’autodérision que je veux ajouter à mes moqueries. Ceci afin de calmer les attaqués qui sévissent sur facebook. J’espère que ces fatigués seront suffisamment subtils pour comprendre qu’ils se débineront eux-mêmes s’ils viennent à cracher leur bile.
BREVES DE BOURGEOIS - Par Le Mirliflore
Je suis Le Mirliflore
- Le bourgeois pense à quatre pattes. Il remue le sol au lieu de secouer les hauteurs. Ses abstractions sont dans le sale. Dans le concret qu’il initie comme il abstrait, il se déplace en tête-à-cul. J’ai du nez dit-il. Je sens les choses. Il hume les présences sur quoi il roule comme s’il vivait au lit. C’est le lieu de ses révélations où il enseigne l’esprit fessier. Instinct, comportement et attitude : le plumard dit tout de sa pensée. Le bourgeois s’y confesse. Il y tend l’instrument des aveux, sa fesse, d’où il extrait ses ambitions. Il faudrait penser à renommer l’avoué en avouant parce que l’avoué personnifie le bourgeois pardonné : cet homoncule plante ses flancs dans du lard aplati par les mensonges. Haïr le bourgeois et sa fesse agissante.
- Le bourgeois encourage les activités. Elles sont l’écorce de son âme commerçante. Elles protègent sa classe et défoulent sa domination. Cependant, il dit Point trop n’en faut parce que passé un certain seuil (dans l’intensité et sa répétition),n’importe quelle activité lui paraît suspecte. Le bourgeois a ses manies de grand-mère qui connaît les bienfaits de la vie et les méfaits de l’excès. Le grand âge se protège et parce que le bourgeois naît vieux (à l’inverse de l’aristocrate, il transmet par la mort et non par le sang), il favorise la componction et la retenue. Il contrôle. Il réfrène. S’il n’est pas inquiet, c’est qu’il se méfie. C’est ainsi qu’il condamne le personnage subversif qui le devient lorsqu’il exagère une entreprise en création. Aussi, lire, c’est bien, mais le gros lecteur est déviant et perd son temps, pire : il développe un esprit altier, soit une contestation de l’esprit fessier. Il dérape n’est-ce pas. Il provoque. Un aventurier enrichi est un mercenaire. Un soldat guerrier est un criminel. Un séducteur doué est un dépravé. Un écrivain truculent est un aliéné. Point trop n’en faut excepté dans la fesse levée : là, le bourgeois n’en a jamais assez. Oublier de le rosser est une erreur double parce qu’elle ôte au bourreau un plaisir moins grand que celui de sa victime.
- Le bourgeois sent fort mais nul ne dirait qu’il sent l’homme. Il emprunte aux animaux le moindre des instincts, à savoir la reconnaissance à l’odeur. Le bourgeois dégage et renifle. La narine haussée n’est pas l’arme du mépris mais l’organe du surpris. Tiens, il pue. Alors c’est un ami.
A mesure que sa journée enfle avec son ventre, le bourgeois empeste. Au lever, il exaspère la veille en mixant ses humeurs. Il fiche ses remugles sous l’aisselle comme sa mémé cachait l’argent sous le matelas. Au chaud, là où personne pensera le chercher. Il construit des senteurs, car ca servira pour le réseau. Facon de carte de visite. Une fois douché, il s’enduit de bacon que la sueur complique. En réunion ou au déjeuner, le blabla s’engage, c’est la fesse qui parle, elle murmure en société, explose entre maçons, s’acclame avec bobonne mais toujours : elle digère. Confiné au taff, le bourgeois s’arrache à l’office lorsqu’une demoiselle passe, alors il mâtine ses effluves de stérilités sorties du slip.
Le bourgeois est cet animal rendu bréhaigne avant même d’être femelle. Au vrai, il est ménopausé. Mais si son jus est sans force, épuisé avant l’âge, le suc qu’il exsude est puissant. C’est ainsi qu’il oublie sa faiblesse sous les acides de sa peau. Il périme à l’hormone mais invente celle du vice. Envie et goût du pouvoir, tout lui coule des trous qu’il a en place des yeux. C’est que l’avidité de la bourgeoisie claironne du fondement qui souffle dans le regard lancé par le cerveau. Or, le bourgeois obéit au principe de précaution, en sorte qu’il double ses avoirs et optimise ses placements, le meilleur endroit n’est-ce pas, et qu’il ne faut pas s’étonner qu’il ait investi deux anus sous son front, là où ca se passe. La fesse y trouve plus qu’un trône : elle siège. Tant que ca reste citoyen ! Député, elle vote l’esprit fessier.
- Le bourgeois ne lit pas, il bouquine. Il ouvre un livre en veillant à ne pas briser la tranche : c’est d’abord un objet de décoration. Il le couvre d’un film plastique comme d’un souci scolaire. Il me souvient de cette bourgeoise chez qui je touchais un Gallimard. Que ne m’étais-je abstenu ! Ce furent cris et reproches d’en abîmer l’aplat. L’esprit fessier la possédait. Je l’imaginai lors en train de bouquiner. La voilà qui s’applique à ne pas corrompre les feuilles. Contrite et tout à sa dévotion, elle fait lecture. Un peu, et elle se dissoudra par narcissisme. Elle bouquine parce que ca le fait. Ca fait sens. Qu’en retiendra-t-elle? Rien - parce que lire exige une violence à quoi elle se refuse : violence envers soi d’abord, celle que le livre inflige, de cette violence qui court à sa dégénérescence, c'est-à-dire au viol, et violence exercée sur l’objet ensuite, qui n’est saisi qu’à condition d’être retourné. Il y a de la bestialité dans la lecture. C’est un acte d’amour dit le bourgeois, lui qui préfère pourtant l’entreprise à l’action.
Cet acte, le complémentaire du bourgeois le rappelle, il est l’énervé-esthétique qui rue de ses annotations. A la panade comme à l’école ! Il met des cœurs dans les marges, j’aime devient j’adore et puis je kiffe. Il bavasse sa science sur facebook qu’il veut agresser. Le monde l’irrite mais il s’en réjouit. C’est la femme qui découvre le plaisir. De même que l’homosexuel campe au seuil de la jouissance, l’agacé-esthétique sautille sur un fion imaginaire. C’est un bourgeois qui va réussir ; c’est un puceau qui a baisé demain.
Le bourgeois fait ses devoirs l’été. Il a ses chaleurs. Les singes crient avant le coït, lui consulte l’Express. Il ouvre la rubrique des must have et dresse sa liste d’auteurs. Il prévient. J’arrive avec un policier, deux harlequin, et un Onfray. La frime ! Alors il dit qu’il est un intellectuel. Quatre livres en un mois !
Le bourgeois prétend que s’il l’avait voulu, il aurait tout lu, d’Homère à Proust en guignant Malaparte. Sauf qu’il ne veut pas. Lire, à quoi ca sert ? Mais il écrit. Quoi de plus normal pour l’esprit fessier ? C’est ici qu’il démoule son abstraction : l’écrivain femme, « écrivaine » de son état, « auteure », qui mouille des trémolos à vocation universelle. Elle y nanarre ses tralalas qu’elle gâte d’une langue enceinte. Chez elle, qui met bas l’œuvre plus vite qu’un chiard, l’accouchement produit de la mort. La pulsion est un sursaut. Le sous-texte étrangle des vagissements. L’ « écrivaine », c’est le bourgeois final, bientôt conclu si elle est réac. C'est-à-dire qu’elle ne vote plus mais prie, elle s’affirme catholique, mais une qui croit. Elle est écolo, c’est l’âme verte, anticapitaliste, anticonsumériste, anti-anti, elle lutte - mais tout depuis chez soi. C’est une gauchiste sans manifestations, réplique du janséniste à prédestination. Surtout, ne pas souiller sa tranche.
Le Mirliflore et L'Aristo disent que l'esprit fessier s'apprend au biberon
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