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04/06/2015

De Jésus à Valérie en passant par Tocqueville - Le 04/06/2015

Pat Poker

Dans mes notes oubliées dans mes nuits, j’écris, en partant du ROYAUME d’Emmanuel Carrère, que l’universalisme de Jésus est géographique. J’omets de préciser que c’est l’essentiel de l’enseignement du Christ qu’il rappelle dans l’injonction à aimer son prochain. Ce prochain, c’est l’homme partout et non uniquement l’homme de proximité. Il n’est pas à opposer à un quelconque lointain qui n’existe précisément plus parce qu’il est englobé dans le prochain. Avec Jésus, le loin devient aussi près que celui-ci est éloigné de lui. C’est une façon d’annuler la géographie dans l’homme et de le rendre universel dans l’espace. De là les assemblées que l’étymologie relie aux églises.

La Dissidence rassemble aujourd’hui les antisystèmes. INTERNET leur a permis de grossir et de diffuser leurs samizdats de SUPER U. Parmi eux, des complotistes, des conspirationnistes, des agités qui troquent la lutte des classes contre le rut des places : c’est qu’ils veulent être ceux-là même qu’ils critiquent, c'est-à-dire les chefs, des bourgeois et niquer le système. L’agitpop philosophie.

Ce sont des gens moyens qui n’ont pas réussi mais qui voudraient. Rancœur, frustration, jalousie - le lot des imbéciles en colère. Voici venu leur temps. La prophétie de Bernanos se réalise. Ils maquillent leur bêtise sous un amour de la culture comprise comme rébellion contre la société de consommation. Rigolo pour des médiocres vomis par la sélection du diplôme. Mais les plus fendards sont ces cuistres qui reprennent à bon compte le message christique. Ils se découvrent une foi comme le constipé se trouve une colique. Surprise ! : je crois comme ca coule ! Alors ils expliquent que le petit Jésus a dit d’aimer le prochain et que l’immigré, comme il est lointain, n’a pas à être aimé. Bouffons par aporie. C’est d’un niais. A leur ignorance s’ajoute l’air patelin de la mauvaise foi.

Par curiosité, je regardais il y a trois mois META TV. C’est la chaîne internet de la Dissidence. Des intellectuels qui n’ont pas le bac y inventent un avenir à la France puis, visionnaires, à l’Europe. Tu vois ? J’y ai vu un zigue qui se dit poète. Un physique de crooner délavé à moins de trente ans. L’embonpoint est là. On sent le goût de l’effort. Un admirateur de Rimbaud et de Verlaine. Dans la vie, ado, je m’en foutais de l’argent, je voulais faire des vers. Et puis ce con a balancé son Jésus, prochain et lointain à l’appui, a récité de nouveau ses vers de mirliflore pour un moment de gloire. Figurez-vous-le réciter son faux catéchisme, fiérot, Artaban des nains, tout à son heure, là, à postillonner contre l’immigration par des outils détournés.  Eclat de rire. Il lèvera une gauloise.

 

      MERCI POUR CE MOMENT. Une diplomate a offert ce livre à mon père. Il me l’a prêté. En Inde, je le feuillette le matin dans les transports en allant au sport. Le trafic indien ne perturbe pas cette lecture. J’ouvre le merci au hasard.

Valérie « pense » que le mot Utile est le plus joli de la langue française. Il est spontané, humble et porteur d’espoir. Utilitarisme quand tu nous tiens. C’est vraiment la femme prisonnière de son temps qui se cantonne au sensible, par quoi elle est incapable de s’arracher à son époque. Aucune hauteur, terre-à-terre, le nez dans la merde d’où elle tire de grands airs. C’est la symphonie philosophale. Utile ! Utilité ! Quid de f-utile ? Un petit f et puis s’en va merci pour ce fofent. Le jour de la sortie du livre, la France se ruait. Bob dirait : mais toi aussi tu l’as lu, nananère. Parcouru dugland, je l’ai parcouru, et vois-ca comme de l’ethnologie. Je ne lisais pas : j’étudiais ta race.

Utile, donc. Je peux t’utiliser Valoche ? Ben si, tu seras utile, ce sera beau non ? Non ? Bon d’accord.

Je parcours son analyse sociologique des trente glorioles. Consumérisme et parité. Un combat ! Comme tout grand bêta, elle tire des leçons générales de son kampf. Sa mère. Six enfants à 20 ans. Elle l’admire. Femme au foyer puis un jour elle prend son indépendance en devenant caissière. Une utile de supermarché sans doute. La liberté, c’est le salariat. Bravo pour ce moment. Valérie ! Quelle analyse ! Et elle se bat, lutte, milite et artichaud pour le travail des femmes. Déstresse Valérie, elles veulent toutes travailler. C’est leur bouillabaisse locale, saucée au droit à la liberté dans l’égalité et à l’égalité dans la liberté. Logique imparable. Toujours les grands mots qui perdent les petits, paradoxalement plus importants. Tocqueville n’est-ce pas, dans DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE met en garde : « L’on oublie que c’est surtout dans le détail qu’il est dangereux d’asservir les hommes. Je serais, pour ma part, porté à croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres, si je pensais qu’on pût jamais être assuré de l’une sans posséder l’autre. » Traduction, et je l’ai déjà dit et écrit ici : la Liberté avec un grand L qui se construit à coup de lois pour et de droits à en diminuant les petites libertés, agit contre elle car ce sont ces petites libertés, organiques si je puis dire et dont elle s’ampute, qui la garantissent. Comme si le corps souhaitait se restreindre à son abstraction, c'est-à-dire à son cerveau, et que pour ca, il décidât de se séparer de ses membres moteurs et préhensiles, oubliant que sans bras ni jambes il ne pourra plus se déplacer, et que ce sera geôlier de lui-même qu’il vivra sa grande idée de la liberté. Je pourrais extrapoler, relier cela au transhumanisme afin d’expliquer que ce mouvement scientiste descend de ces lubies, mais il faudrait plus qu’un billet.

Soit. Est-ce utile de lire Tocqueville, Valérie ? Il vaut mieux ne pas se prendre la tête, tu as raison. Au boulot ! L’Histoire des civilisations certifie pourtant que l’ objectif est d’annuler le travail mais peu importe : la liberté réside dans l’esclavage. Salariat ! Utile ! Outil ! Les sept nains ! Mère courage. Mère utile. Mère outil. Trois petits tours et puis s’en vont et rond et rond petit patapon : ce que j’écris là est aussi inutile que toi, Valérie, comme toute l’engeance à laquelle tu appartiens, ton amant du cirque, Hollande au casque daft punk, cochon qui s’en dédit, pas vu pas pris, fourré Gayet, et ca dirige et ca inspire et ca publie et ca engrange des pépètes, salopette ! Enfin, que refusé-je ce qui va de soi ?! : tout le monde peut écrire, surtout quand ca ne lit pas, ca a un style que ca dit, j’entends souvent ca, j’ai un style. Plus sérieusement, qui ne lit pas, qui n’y travaille pas, qui ne sacrifie pas sa vie à son art en l’occurrence l’écriture ne peut pas écrire parce qu’il ne sait pas. S’il s’y risque et qu’il doive* être publié, il participe à la censure des vrais écrivains (et il y en a) par ensevelissement sous la crasse. Sa crasse. La masse obèse de prétention, cette grenouille gluante explosera dans ses bouffissures plus tôt qu’on ne le croit.

 

* :si si, il faut un subjonctif.

 trierweiler.pngL'Aristo ne te dit ni de rien ni merci.

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