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17/04/2015

Petite considération sur l'open-space - Le 17/04/2015

Pat Poker

Dans l’open-space, l’instant n’est jamais saisi : c’est un lieu sans temps comme indiqué par son nom. L’open-space est encore moins un espace ; c’est une étendue sans le décor intérieur qui est chargé de reproduire en murs une géographie agencée par l’homme. Comme tout mot franglais, l’open-space énonce ce qu’il ne signifie pas.

L’open-space est séparé du réel : c’est un lieu hors-sol où se développe une économie abstraite car détachée des instruments marchands via quoi circule le capital. C’est moins la monnaie qui s’échange que l’information, d’où l’importance du mail qui tient lieu de contrat.

      Sa population vit sous climat unique. Quelle que soit la saison, la climatisation assure une température égale. Il est fréquent que les cadres se déplaçant en voiture passent du volant à l’écran par l’ascenseur qui relie le parking du sous-sol à l’étage, en sorte qu’ils ne prennent pas l’air de la journée. Alors ils s’habillent à l’identique toute l’année. Quel est l’impact de cette habitude sur une vie humaine ? A l’impossibilité de s’ancrer dans un endroit s’ajoute le désarroi d’une existence artificielle. Sous cloche, le cadre ressent les mêmes angoisses que l’informaticien Michel de L’EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE à qui Houellebecq fait dire qu’il vit sous cellophane. L’open-space est effectivement un supermarché du travail où les individus s’emballent sous papier-salaire. A l’étal des desks ils pianotent sur leurs claviers par qui les carrières se construisent.  Les lignes de bureau ressemblent davantage à des batteries qu’à des rangées. Elles disputent leur similarité à un rayon CARREFOUR à leur jumelage avec la ferme des mille animaux. Il y règne cependant une atmosphère aseptisée que les logements modernes introduisent dans une architecture épurée. Les plus pauvres du tertiaire jouent aux grands chez IKEA là où les aisés achètent un Philippe Starck. Dans les deux cas, la ligne est économe, sans fuite ni départ. Elle indique qu’elle suit la mode du nulle part, jusque dans les noms de ses collections type ICI ET AILLEURS. Le mobilier s’appelle alors design et certains prétendent que c’est de l’art. Ainsi, n’importe qui est amateur et le plus riche est connaisseur parce qu’il a le plus bel ou cher objet. Des professions se créent, ce sont les designers de tout poil, qui offrent des services aux taffeurs du service. Ainsi, le vent se vend du vent et ménage à l’esprit du temps un air aussi pollué que celui des villes. Ces dernières sont l’espace fermé par excellence : piégés par les gaz, les citadins y respirent comme un poisson sorti des eaux et jeté vif sur la berge, abandonné à l’agonie sous les regards indifférents. Parfois, quand le destin s’en mêle, un pied le sauve en le rejetant à la mer, le poisson trisse alors vers le large, fissa vers le salut qui est la campagne pour le cadre où il s’offre du loisir. Là-bas la nature et son espace ouvert sur l’horizon. Bob s’y crée sa bulle comme il dit, reproduisant l’attitude urbaine qui jette ses ouailles de point en point, de station en station, de bars en boîtes et de cantines en réunions. C’est le lot du moderne que de tuer les heures dans des salles d’attente. Connaît-il qu’il vivote dans l’antichambre de la mort ?  Il arrive que le purgatoire soit préféré au paradis, or c’est le choix médian du libre-bourgeois.

 

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L'Aristo dit que c'est rigolo.

 

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