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15/04/2015

Vrac sur le couple et l'amour et la force dans tout ca - Le 15/04/2015

Pat Poker

L’amour n’est pas aveugle, il est borgne parce que seules les femmes oublient les défauts à mesure que l’attachement grandit. Les hommes, au contraire, ne voient plus que ca. Alors que les femmes les tournent en qualités. Pour finir, les hommes n’en peuvent plus, ni des défauts ni des qualités. Ils restent par habitude ; il paraît que c’est une force dont la peur ou la libido s’empare quand ca leur prend.

L’on m’opposera toujours que l’amour devient une amitié, et au long cours avec ca. Soit. Mais précisément, l’ami, je n’en veux pas chez moi tout le temps. D’autres arguent du piment pour ne pas se morfondre dans le noir. Alors ils promettent de rebooster le désir via des clubs échangistes, des parties en trio ou des tromperies tolérées dans le cadre d’un contrat tacite. Ce serait du libertarisme. Alas ! Pathétique libéralisation du commerce matrimonial plutôt, que le lecteur de Houellebecq découvre dans LES PARTICULES ELEMENTAIRES : c’est donc acté depuis 1998.

Le hic dans le couple, c’est le sentiment d’oppression étoffé à l’étouffement ; puis les concessions, toujours écouter et parler, agir comme l’autre le veut et vivre avec l’impression d’escroquer son partenaire quand c’est en son absence que telle affaire se suit. Le couple est une effraction permanente parce que dans un sens, l’un à échappe à l’autre, et dans un sens encore différent, untel est pénétré, lui et sa vie. Tantôt l’évasion, tantôt la geôle - et prisonnier dans les deux cas.

Le couple consacre l’union civile dopée à l’amour petit-bourgeois dans quoi l’esprit s’abandonne au corps qui se dilue dans l’oisiveté. Je plagie Zemmour mais violemment résumé : nul besoin de plaire une fois maqué, tout est déjà banqué. Laisser-aller et laisser-faire, faut vivre. Voire. Le sentiment sinue sur le confort ; il y devient moins conséquence qu’obligation. Aimez-vous !

Le cinéma entretient l’idée que l’amour crée l’armoirie. Du cœur et c’est princesse. C’est une mascarade du conte pour enfants d’autant plus quand il est servi à des adultes. Un exemple : BRAVEHEART. Il faut que le metteur en scène célèbre l’amoureuse reine d’Angleterre en l’attifant à la petite-bourgeoise. Avec ses mimiques, son jeu, sa face – tout pue le conformisme. Et ce, au lieu de relever que l’amour véritable vit de l’unique reine du film, laquelle est la femme païenne de William Wallace qu’un shérif égorge. C’est elle la reine, pas noble ni moins roture, mais aristocrate, venue du sol que projette au ciel sa beauté divine ; puis scène d’amour dans la nature, William et elle, le couple appartient à Pan et se nourrit de la terre et de l’eau sur quoi rejaillit leur puissance. Ils sont l’Ecosse, ils sont un pays qu’ils ancrent dans leur chair. Leur mort est forte comme leur amour en sorte qu’elle est un sacrifice. C’est un amour de race ; c’est une affaire de corps.

La mort de la femme est violente. Cette violence symbolise l’union impossible, donc tragique, donc réelle. Celle-ci ne prend force qu’au-delà : au-delà de ce monde et au-delà des trivialités de la relation. Ce couple est royal. Leur amour crée le prince ; c’est lui qui rend possible l’aristocratie.

La bobgeoisie opère encore par inversion des vérités lorsqu’elle exaspère les sentiments dans les richesses de situation. C’est un amour de classe ; c’est une misère de cœur.

L’autre relation de Wallace est comique. Sophie Marceau montée sous toque. Ca tourne à la farce quand William expire au terme de son calvaire qui place la castration par mièvrerie au plus près du supplice qui l’émascule. Lui, homme, guerrier libre et vital, est tué au début d’un amour qui l’aurait privé de sa foi. A peine commencé que c’est déjà fini. Tout avorte chez le bobgeois. La critique y voit de la grandeur : je n’y remarque que la saleté du bourgeoisisme qui annule les grands sentiments dans la grandiloquence de ses fantasmes. Le cirque barn-heart ridiculise un brave, justement, en fait un cœur tendre et arraché par la main du bourreau qui reste invisible - comme si la caméra voulait révéler qu’en coulisse, c’est la dame Marceau qui travaille à la mort de William. Quoi de plus normal à ce que cette caméra se surprenne dans la même scène à filmer la vision du torturé qui discerne dans la foule sa première femme ? Elle est la seule femme de ce film, la seule qui soit aimée en retour d’un amour qui émancipe. L’amour n’existe que dans l’au-delà est l’aveu final du film.

L’amour par la mort, vraiment ? Quid de l’amour à l’épreuve du retrait ? Dans ASCENSEUR POUR L’ECHAFAUD, Maurice Ronet éconduit l’amoureuse aimée. Elle s’en étonne, alors il confesse que rester seul, ca demande un peu plus de courage. On devine que c’est depuis sa retraite qu’il vivra le mieux un amour qui s’endurcira. C’est le Wallace des années 50, demi-héros déjà moderne, feu follet orphelin de ses incendies, qui se jette au-delà de tout dans la solitude des riens. C’est qu’il n’y a plus d’histoire à mener mais juste des trucs à vivre. Après-guerre pour post-Europe.

Les dialogues du film sont de Roger Nimier, ami de Louis Malle et de Ronet. Ils charrient la morale désabusée d’un Nimier encore plus renfrogné parce qu’il vient d’arrêter d’écrire. Il délaisse sa littérature pour mieux l’aimer dans l’absence. Le renoncement est chez  les enfants tristes Ronet et Nimier une preuve de l’attachement que la musique de Miles Davis enferre dans l’allégresse. Cette humeur est une joie feinte et mâtinée de rancœur. Son aigreur s’arrête au seuil de la mélancolie. Ce ravissement est précisément celui de Francois Sanders dans LE HUSSARD BLEU qui se réjouit de divorcer des siens. N’admet-il pas que «quand les habitants de la planète seront un peu plus difficiles, [il se fera] naturaliser humain » avant de surenchérir à la conclusion du roman qui remarque que « tout ce qui humain m’est étranger » ? C’est pour ces raisons, entre autres, que je m’appelle Francois Sanders sur les réseaux sociaux. Pour ceux qui voudraient voir ma trogne.

 

 

William Wallace.PNG

L'Aristo dit que l'amour rend fort et homme et met la mystique dans les yeux.

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