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09/04/2015

Considération sur l'anarchiste de droite - Le 09/04/2015

Pat Poker

N’était le besoin social, je serais moine ou soldat ou mieux : moine-soldat. J’aurais un cadre dans quoi m’insérer. Obéir pour penser : belle vie ! Et la pensée serait garantie précisément parce qu’il y aurait un ordre. Au final : la liberté qui vient, laquelle est assurée par la contemplation qui domine ou annule le chaos. La contemplation crée une dialectique de l’observation entre l’observateur et l’observé via quoi le méditant se jette dans le monde qui se projette en lui. Alors le chaos devient cosmos et l’homme devient libre. Ordre contre désordre, lequel empêche l’étude et la méditation donc rend esclave. Ici, je ne dis pas mieux que Péguy ; j’imite.

Etre libre dans une prison serait le propre de l’homme selon Malaparte. C’est là l’esprit de l’anarchisme de droite dont la position est moins politique que géométrique, par quoi il échappe au piège des idées de case. C'est-à-dire que l’anarchiste de droite l’est parce qu’il est droit, strict et carré, et en ce sens il n’appartient pas à l’oxymore que le cuistre bobique qui vote UMP s’empresse de faire remarquer à celui-là qu’il croit taquiner. C’est la droiture qui rend possible l’anarchie du retrait.

      Comme souvent, cette théorie disparaît à l’épreuve du réel dès lors que les pulsions sociales y supplantent la pensée. L’anarchiste de droite contient dans sa définition l’anarchie qui l’expose aux corps et aux cœurs. C’est ainsi qu’il connaît les tourments tantôt de la comédie humaine tantôt de la tragédie des hommes. Relations, fréquentations, collègues, réunions : l’anarchiste de droite une fois mis en société se frotte au concret d’une existence hors-cadre mais dans les clous. Il découvre que la liberté s’y dilue dans l’action afin de provoquer des rencontres et de se fabriquer du réseau qui est la réduction à soi de la masse sociale. Cette idée que l’action conduit à la liberté remonte aux années cinquante depuis que s’entend l’Histoire de la Libération. Tirée des chars par Leclerc, la libération s’exporte à n’importe quoi : choses, gens puis concepts, tous s’appliquent à une libération permanente qui certifie par sa quête de la liberté que les petites libertés n’existent effectivement pas. Le principe de cette revendication continue n’est pas parisien mais accidental, c'est-à-dire qu’il participe de cet Occident bêta en proie à ses furies philosophales. Libération de la femme, des urnes, des homos, des chiens bientôt. Tout à ses pulsions, l’accidental bob invente une libido de la liberté dans un bouger-bouger débile. Sa réalisation la plus rigolote est la pornographie qui prétend que la nique libère. C’est là une pathétique redite du libertinage qui se perpétue dans la farce après sa tragique disparition en 1793 (se souvenir de Robespierre et de son puritanisme emprunté à Cromwell). Cet état latent du désordre, l’anarchiste le perçoit, et s’il est « toute droite », il veut y échapper. Mais il est contraint de rester. Alors il s’entiche de politique et se déclare conservateur solitaire. C’est là une demi-trahison de soi-même, c'est-à-dire de sa nature profonde qui n’est pas d’être seul. C’est que la communauté fraternelle du silence ordonné, celui de la prison choisie, ne conduit pas au rejet pour se préserver. Ceci n’est observé que dans une organisation citoyenne. Le citoyen, justement, est prisonnier partout ; le libertaire est libre au-dedans et devrait le rester s’il veut se maintenir vrai.

 

Fenêtre sur cour.PNG

L’Aristo dit que :

Les yeux de l’anarchiste, à droite en ces garçons,

S’élèvent de la masse étalée sous grillage ;

Nul ne devrait douter que c’est bien en prison

Que l’enfant devient homme et l’homme devient sage.

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