UA-63724026-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/03/2015

bfghqomsdfvgnsdkmzefnhm est une pipe - Le 12/03/2015

 

Pat Poker

 

Il m’arrive de discuter avec des férus d’art contemporain. J’écoute toujours avec attention leurs explications. Je fréquente de moins en moins de bobs en sorte que les gens dont je parle ici ont suffisamment d’esprit pour argumenter sans tomber dans l’hystérie qui nuit au raisonnement. Ils sont fins, ont du goût et savent synthétiser. Ils dominent leur passion et parce qu’ils sont intelligents, ils sont capables de restituer un concept simple à partir d’une totalité.

Il ressort de ces conversations que l’art contemporain donne plus d’importance à l’acte qu’à sa réalisation. Le geste compte plus que son œuvre par quoi l’art contemporain dépasse l’inutilité de l’art en augmentant son degré d’inutilité : l’art contemporain ou moderne n’est plus astreint au Beau (je confonds art contemporain et moderne bien que les puristes opèrent une rigolote distinction).

Appliqué à l’écriture, ce principe suppose que le simple fait d’écrire rend artiste. Ainsi, si j’écris bfghqomsdfvgnsdkmzefnhm je suis artiste contemporain parce que le mouvement de mes doigts frappant le clavier est arty. C’est très concept dit bob. Le vrai problème est la dérive narcissique de cette démarche qui, réclamée par tous au nom d’une pulsion égalitaire bien démocratique, conduit chacun à se proclamer artiste. Bientôt, marcher sera une œuvre d’art et un bob se filmera en allant au bureau et affirmera que sa routine est un chef d’œuvre.

Revenons à l’écriture : ma création précédente (géniale) bfghqomsdfvgnsdkmzefnhm m’agace quand celui qui l’initie se déclare écrivain. Artiste contemporain si il veut, mais pas écrivain. Une abstraction supérieure à la scribouille est nécessaire sinon obligatoire. C’est trop cavalier. J’exagère parce que dans les faits nul ne songerait à porter l’escroquerie intellectuelle jusqu’à de telles extrémités. Le mensonge lui-même connaît ses limites. Mais non seulement ca arrivera, tant l’idiocratie se développe à mesure que la démocratie débilite la masse qui vote, mais j’évalue les écrits des scribouillasses actuelles comme mon bfghqomsdfvgnsdkmzefnhm. Si si. Gavalda, Despentes, Angot, Lévy, Musso souillent la littérature d’un charabia qui se résume à bfghqomsdfvgnsdkmzefnhm.

L’ambition de l’art contemporain ajoutée à l’énervement démocratique pose que n’importe qui peut être écrivain : il suffit de le devenir en écrivant. Là, c’est n’importe quoi et c’est ici que je deviens taquin. Parce que l’inscription bfghqomsdfvgnsdkmzefnhm a beau dépasser sa réalisation par le geste, elle dévoie du même chef la pensée. Pour rigolote qu’elle est, elle reste vide et n’est pas très concept. D’ailleurs, quand je dis pour rigolote qu’elle est je choisis l’indicatif et non le subjonctif pour signifier que je suis certain que c’est rigolo, c'est-à-dire que je n’en doute pas. Ce choix grammatical, qui appartient donc à la logique, établit davantage que je suis écrivain que le bfghqomsdfvgnsdkmzefnhm qu’il qualifie. En littérature, c’est une fois interprété que l’acte créatif est dépassé et devient artistique. Alors on peut parler de style. Et chez le peintre, on parle de patte, et chez le sculpteur, de touche.

Commentaires

"Car comme certains l’ignorent encore sans doute, Pascale Clark est aussi une artiste qui a eu l’honneur d’exposer dans une galerie parisienne les photos floues et ratées de ses départs matinaux vers la Maison de la Radio : « Son outil est le téléphone portable, il répond aux données spatiales et temporelles qui constituent son protocole. Ces images de Paris qui se situent au-delà des clichés de la capitale et de ses édifices trop connus, permettent d'appréhender la ville comme un monde encore inexploré, un territoire presque inconnu. Pascale Clark utilise la photographie numérique comme moyen de révélation de cet espace pris dans le flux du temps » disait, sans rire, le texte de présentation de l'exposition. Bref, une artiste aux capacités tellement multiples que la limiter à ses seules capacités journalistiques est peut-être effectivement une insulte à ses nombreux talents."

http://www.marianne.net/pascale-clark-privee-sa-carte-presse-abord-son-employeur-100231967.html

Écrit par : Nico le Brun | 12/03/2015

Rire !
En écrivant que "Le vrai problème est la dérive narcissique de cette démarche qui, réclamée par tous au nom d’une pulsion égalitaire bien démocratique, conduit chacun à se proclamer artiste. Bientôt, marcher sera une œuvre d’art et un bob se filmera en allant au bureau et affirmera que sa routine est un chef d’œuvre." je ne pensais que c'était déjà réalisé. Mais comment m'en étonner quand j'écris (fort à-propos)que "ca arrivera, tant l’idiocratie se développe à mesure que la démocratie débilite la masse qui vote".

Merci pour ce partage en tout cas !

Écrit par : L'Aristo | 12/03/2015

Les commentaires sont fermés.