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27/11/2015

Quelques mots - Le 27/11/2015

Pat Poker

 

    Dans MYTHOLOGIES, Roland Barthes enseigne que le mythe est la transformation de l’Histoire en nature. Or de l’Histoire n’émerge que la culture. La mythification, toujours selon Barthes, est une naturation. Le couple appartient à la culture mais semble naturel à beaucoup : c’est donc qu’il fut mythifié.

La mythification se construit sur des figures popularisées par les contes et légendes dont la synthèse établit les mythes fondateurs. La figure du couple de notre civilisation occidentale est celle de Tristan et Yseult. Certains y voient son socle véritable de sorte qu’elle évacuerait la tragédie d’Œdipe. C’est le moyen-âge qui met l’Antiquité de côté. Tristan et Yseult consacrent le couple qui symbolise l’enfant à naitre. On dira avec eux qu’il est né, le divin enfant. Oedipe symbolise le père à mourir. On dira sans lui qu’il est tué, le défunt parent.

Cela pour le constat. Il faudrait maintenant pousser l’analyse en explorant notre société de divorcés qu’a étalés l’ouragan de 68. Mai 68 destitue le couple de son piédestal du même temps qu’il crée la figure de l’enfant-roi. Un autre mythe est possible. En lui, se mélangent l’Œdipe-roi et le divin-enfant. Ce sont donc deux schémas différents fondus en un seul. Comprendre cette tambouille serait une façon originale de définir le malaise engendré par le soixante-huitisme. Je n’ai ces derniers temps plus la force de mes idées ; plus précisément, je n’ai plus la force de les exploiter, ni même de les noter. Je ne m’étalerai donc pas sur Œdipe et Yseult, lesquels semblent correspondre à ce couple infernal et moderne qui tue l’enfant par abandon du père.

Je suis depuis trois mois trompé par mes intuitions qui m’excèdent, c’est-à-dire qu’elles me surpassent et m’épuisent. Je songe depuis le 13 Novembre 2015 à écrire sur le Bataclan, mais la fatigue du sens dont parle Richard Millet m’a vaincu. Je n’ai plus envie. Alors ce ne seront que quelques mots jetés à la face de moi-même.

 

 

    Il y a beaucoup d’explications à l’énervement des terroristes du 13 Novembre 2015. Parmi elles, il en est une bébête parce qu’elle semble faire l’économie de tout, il en est une stupide et imbécile, bientôt idiote, parce qu’elle ne s’investit dans rien sinon dans la noirceur des passions tristes, et cette raison, c’est l’envie. Ces petits cons étaient envieux. Pas seulement, mais ils étaient cela. Ils se languissaient de ce qu’ils n’avaient pas. Ces français et ces belges étaient des troublés de l’être, je ne le nie pas, ni ne souhaite m’épancher à ce sujet, mais ils étaient tout autant des agacés de l’avoir sous l’étendard de quoi le monde accidental s’est placé. Ils voulaient ce qu’ils n’avaient pas. Et je ne parle pas de notre mode de vie basé sur l’Hêdonê comme je l’ai lu dans les médias gauchistes, non, ce qu’ils n’avaient pas et qu’ils voulaient avoir sont ces jolis brins de filles qui affolent les quartiers de l’est parisien. L’envie naît de la frustration, et la leur est sexuelle. Ils n’avaient pas ces femmes qu’ils désiraient*, alors il leur fallait les tuer elles et ceux qui les ont afin de se venger. J’insiste : ce n’était qu’un des multiples ressorts sur quoi ils s’appuyaient, mais c’en était un. Je le dis : l’analyse est simple, même carrément simpliste, mais elle énonce une partie du tout que je n’ai pas la force d’aborder.

Moi-même, j’ai éprouvé de l’énervement face à ces parisiennes qui n’offrent que mépris à qui n’appartient pas à leur milieu. Assurément, les bataclaniseurs ne venaient pas d’une tribu d’arrondissement branché, c'est-à-dire une bande. Non, seuls les chiards aisés y pullulent, par quoi seuls ces bobs connaissent l’heur d’attirer la jolie. La reproduction sociale n’annonce ni n’énonce les commandements biologiques : la culture crée aujourd’hui le mythe du faible et laid qui séduit la vénusté. Cette figure perturbe le dépositaire de la force naturelle, c’est-à-dire de la force physique. Seulement les excités du 13 Novembre ignoraient que la force du corps s’étiole si elle ne s’appuie pas sur celle de l’esprit. Amputés du cerveau, comment eussent-ils dominé leur colère et pu s’en prendre à eux-mêmes ? Ils eussent effacé leurs pensées morbides pour surpasser les fiottes festives qui infusaient en eux le sentiment que les désirées leur étaient volé. J’ai connu ca. J’ai accepté la fatalité de mon destin. Déraciné à une autre échelle que ces rageux, mais déraciné malgré tout, j’ai toujours trimardé seul. Mas j’ai compris que la revanche sur soi-même est supérieure à la vengeance. Et puis me venger de qui ? De festivus incultes que les femmes semblent aimer ? Ou de ces mêmes femmes ? C’eût été ridicule. La revanche est sans objet. C’est une cause perdue ; elle me paraît plus noble. Elle ne jette pas dans l’horreur où ont précipité les terroristes de Paris. Du reste, le pouvoir sur soi, qui est celui de se dominer, est l’instrument de la revanche. Or il ne s’exerce pas en ôtant la vie, mais en ôtant la sienne à qui la convoite. Il me souvient de cette fille qui considérait que tous les hommes sont des animaux et sont à traiter comme tels. Elle pérorait sa science. Elle vint chez moi. Je m’installai aussitôt dans mon canapé. Euh…tu fais quoi ? Et bien je lis, ca ne se voit pas ? Tu vois, je te prouve par le livre que les hommes ne sont pas tous des animaux. Elle dégagea. Voilà une revanche. La vengeance m’eût intimé de la briser, de l’humilier ou pire. La vengeance disparaît dans son absence de contrôle. C’est inconcevable à l’honnête homme. Ha ! mes abrutis du bataclan, je vous le dis tout net : vous êtes des animaux, et encore, qu’est-ce qu’un animal sinon un être dédié à sa vie ? Quelle est donc votre engeance de mort ? Mais qu’êtes-vous ? Vous m’épuisez.

 

    Cependant, aujourd’hui 27 Novembre 2015, la Nation rend hommage aux bataclanisés par le selfie tricolore. BobFM dépêche son journaliste normalement chargé du football. Le spectacle s’étend à tout, et dans son inspiration, et dans son traitement. Roulez jeunesse !

 

*la kamikaze de Saint-Denis, elle, n’était pas cette femme qu’ils désiraient : elle n’avait pas leur beauté. Et ca l’énervait.

 

Drapeau.jpg                                     L'Aristo rend hommage aux tués.                                     

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