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03/02/2015

Pensées sur le bob monde - 03/02/2015

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Pat PokerVoici un an, je m’inscrivais sur des applications de rencontre en ligne puisque c’est comme ca qu’on dit. Voici un an, je frappais à l’amour du bob monde qui n’en demandait pas tant. Avec un soupir, il m’ouvrait la porte, un autre encore, et effaçait de ma trogne le sourire qui précède les ironies. Il ne voulait pas que je devinsse impassible,  que non, car c’est la limite de l’ironie à quoi le bob monde se refuse. Il lui faut rire et s’esclaffer. Que ca gueule ! Il lui faut hurler de joie et s’agiter. Et il se ravissait que je m’y colle enfin. J’allais être aliéné.

TINDER, HAPPN, ADOPTE UN STEAK e tutti chianti : autant de rires par quoi l’écologie citadine domestique les bobs. Les urbains sont des malades mentaux vivant à l’asile du smartphone. Le catalogue des farces attrapent des visages sur quoi les doigts collent en rêvant du vrai. Le mensonge précède la vérité : là est la folie. Elle jette dans les faux espoirs, lesquels sont toujours déçus. Pourtant renouvelés, ils portent à la traque. Les erreurs se répètent, et avec force et entrain. C’est sans fin. Autre folie. Bob n’espère plus mais bientôt il croit, j’y crois qu’il dit, alors il retente, son pouce glisse, valide et invalide. C’est long. Il faut attendre. Bob se lasse, revoit ses vues à la baisse, il corrige le tir et valide l’affreux de la veille qui devient sain dans la seconde.

Normalement, les croyances annoncent les hérésies, or ici elle l’énonce ; l’amour en toc est un escroc qui trimarde à sa propre source, par quoi il pourrit jusqu’à l’encoche. Il est son propre vice. Bob est un vicelard en ligne, un hérétique à la crasse vertu. Il se fera toujours avoir mais il jure qu’enfin, il est : il assume, et dit Oui ! je suis sur site ! comme un militaire en mission. Ca passe bien, il est staffé. Bob l’estafette ! Ha la buse ! Qu’il est idiot. Bref, Bob parie et vivote des illusions de qui connaît le goût du jeu. Il s’investit de la même passion qu’il place sur un autre. Il attend la bonne occasion qu’il ne faudra pas rater. Qu’il la manque, et c’est la déprime. Ca y est, il est enfin aliéné.

Grand bien me fait lorsque je quitte ces applications ! Aujourd’hui c’est joie ! Sourire et droit à l’ironie ! Libération comme disent les glands. Alors j’écris car il ne me reste que ca. C’est que je suis un écrivain, et un écrivain en guerre contre le bob monde, et de cela, je suis sûr et je l’écris pour certifier que je suis libre de toutes ces boberies. Non je n’ai pas fait de business school, non je n’ai pas de solaires d’empaffé, oui je suis grand et fort et écrivain et centralien alors j’irai montrer ca dehors comme il se doit. J’impose, je n’expose pas. Je vomis la foire des nœuds. Je n’en suis pas je n’en suis plus.

Cependant, bob poursuit, lui. Le geste sélectif, pareil au tri des déchets, devient une habitude qui ne respecte pas son principe : de même que les papiers sont jetés avec le verre, de même les moches sont appréciés avec les beaux. La rencontre tourne démocratique et pousse l’égalitarisme jusque dans la beauté qui pose que bob est beau. Bob est partout, bob est géolocalisé, bob est beau : bob est beau géolocalisé partout. Bob est une souillure intégrale. C’est la business classe.

Bob travaille, rentre tard, retaff alors il repart tôt ; bob file au sport pour rester sain, trois petits pas de fiotte pour la conscience !, la course en cage ; bob craint le cancer alors mange bio ; pas le temps ;  économie des attitudes, humeurs vertes, componction du pet ; bob veut l’amour pour saupoudrer tout ca, et c’est bob à la rencontre de lui-même. Les visages virtuels résument son narcissisme de con. Il ponctue ses activités d’une chasse à l’autre, là un bob, je le veux, il est jeune et canon¸il like ou like pas mais c’est pareil, y’en a tant d’autres, bob court au même. Les échanges en ligne entre bobs à cervelle de piaf conduisent à la mêmeté, corollaire de l’égalité.

 

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Il savait ! Il savait que la loi du plus fort conduisait la vie. Fort en thème, fort en maths, fort en sport, fort en Beau, c’était ca la carte sur quoi piochait la femme. Pourquoi insister ? Pourquoi s’entêter ? Ne surtout pas les traiter de garces, elles avaient le droit d’exiger. La tyrannie du goût ? Et oui ! A l’écœurement, mal à l’estomac, c’était ca la vie. Choisir et être choisi. La vie, et pas la moderne ! mais la vieille, l’ancienne, la tradition. Personne n’y échappait. L’affronter, il fallait l’affronter - pour l’accepter, et en homme, et surtout pas en bob, tout le contraire lui, plein d’illusions et de mensonges, gauchiasse qui nie le réel. S’agissait de pas se raconter d’histoires mais d’en proposer aux autres.

Il avait lu L’ELOGE DE LA FUITE et connaissait le pouvoir de l’esquive. Partir, donc, et fuir encore, pour revenir meilleur encore là où il se trouvait aujourd’hui, c’était là l’objectif. Il existe une dialectique du voyage que fabrique l’aller-retour pour peu qu’il obéisse à des choix et au temps long. Ne pas s’agiter, surtout pas, mais pratiquer la rupture et se créer des cycles. C’était ca le rythme dont parlaient les Anciens. Pour alors, ce qu’il vomissait, c’était la loi du plus beau parce que c’était ca, les sites. Fallait l’accepter. Il n’était pas au sommet de l’espèce moderne. Fin de l’histoire. Il le serait. Début d’une autre. Au programme : lecture intensive à proportion du sport.

Plus tard, il s’agirait de faire mentir le jeunisme qui rend les décennies cousines de la laideur. Ce serait une autre affaire.

Il joignit le geste à la pensée et supprima ses comptes. Enfin libre, il travaille maintenant, s’endurcit et croit en lui comme jamais, comme toujours.

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